Promouvoir la coopération interprofessionnelle dans le domaine de la santé: L’exemple du partenariat entre HIN et la Plateforme Interprofessionnalité

Janine: Monsieur Jotterand, la Plateforme Interprofessionnalité a pour objectif de favoriser la collaboration interprofessionnelle dans le domaine de la santé. Qu’entendez-vous par coopération interprofessionnelle?Du fait de leur complexité, un certain nombre de tableaux cliniques et de situations chez les patients requièrent les compétences de professionnels de la santé issus de différents domaines. C’est pourquoi, pour un grand nombre de problème de santé, les patients ont besoin de l’aide de plusieurs professionnels de la santé en même temps. Une coopération interprofessionnelle est alors nécessaire: cette coopération se caractérise par des échanges – notamment avec le patient ou la patiente – sur les formes de thérapie envisageables et les possibilités de traitement.Quelle forme de valeur ajoutée la coopération interprofessionnelle apporte-t-elle? La coopération entre professionnels est une expérience positive: décrire sa propre vision des choses, élargir son horizon grâce aux points de vue et aux compétences des autres… Les échanges révèlent souvent des aspects jusque-là inconnus – et c’est précisément ce qui rend la démarche enrichissante. La coopération interprofessionnelle permet aux patients de bénéficier d’un traitement encore meilleur.Chaque patiente et chaque patient a le droit d’être informé. Et ces informations peuvent être plus compréhensibles et plus complètes lorsqu’un échange est entretenu entre les différents partenaires de traitement. L’enrichissement par la coopération interprofessionnelle trouve écho dans la motivation du patient: ce dernier s’implique d’autant plus dans sa thérapie qu’il a l’impression que la cohérence de l’équipe soignante est forte.Quelle est la recette d’une coopération interprofessionnelle réussie dans le domaine de la santé? L’échange et la coopération entre professionnels exigent du temps. Pour garantir le succès de la coopération interprofessionnelle à long terme, il faut des conditions cadres qui reconnaissent les efforts fournis et qui les récompensent en conséquence.

Et comment la Plateforme Interprofessionnalité favorise-t-elle les échanges dans le domaine de la santé? La plateforme a édité et publié des critères de qualité pour les projets interprofessionnels et organise tous les deux ans un symposium consacré à un sujet d’actualité qui met en lumière l’art et la manière de la coopération dans le domaine des soins de santé primaires. A travers ses structures et activités – comité, conseil d’experts, assemblée des délégués et partenariats –, elle facilite également la mise en réseau des représentantes et des représentants des différentes associations de professionnels de la santé travaillant dans les soins de santé primaires en Suisse. En bref, elle facilite les échanges! Le domaine de la santé n’échappe pas à l’omniprésence de la numérisation. Quelles sont, selon vous, les opportunités de coopération qu’elle recèle? Je ne suis pas spécialiste, mais je dirais que la numérisation est la pierre angulaire des échanges à distance entre les différents professionnels de santé qui n’ont pas la possibilité de travailler ensemble en présentiel; c’est aussi la base de plusieurs projets prometteurs dans le cadre de la coopération interprofessionnelle au service des patients en situation complexe ou de polymorbidité. Citons, entre autres exemples, le plan de médication partagée, le plan de soins partagés, la réconciliation médicamenteuse, les directives anticipées et la planification anticipée du projet thérapeutique. Bien sûr, il y a aussi tout le champ de la cybersanté qui s’ouvre à nous et qui pourrait, peut-être, contribuer à améliorer la continuité des soins, pourvu qu’on sache l’utiliser à bon escient.Et comment, selon vous, les possibilités d’échange par voie électronique ont-elles influencé la coopération des acteurs du système de santé au cours des dernières années? L’utilisation du courrier électronique peut gâcher nos vacances… Mais l’échange d’informations entre professionnels de santé au moyen d’e-mails sécurisés a considérablement favorisé la coordination en la rendant plus fluide. Le désagrément causé par les interruptions téléphoniques intempestives dans notre quotidien a nettement diminué. Un rôle plus actif des patients dans la gestion de leur maladie a aussi été facilité.La Plateforme Interprofessionnalité et HIN travaillent ensemble dans le cadre d’un partenariat mis en place cette année. Où voyez-vous des synergies susceptibles d’être exploitées?Nous sommes très reconnaissants du précieux soutien que HIN a bien voulu nous accorder! HIN favorise la mise en réseau des différents acteurs de la santé en garantissant la confidentialité des données. Tel est le fondement de notre travail. Ainsi, HIN pourrait sensibiliser les membres de la plateforme aux enjeux de l’échange des données électroniques des patients – y compris avec les patients eux-mêmes – dans le respect de la législation sur la protection des données, par exemple dans le cadre de notre projet de «Summer Academy», un projet de formation interprofessionnelle que nous souhaitons mettre en place l’année prochaine.